Chacun le sait, la préparation de la loi sur le jeu en ligne a duré de longs mois. Mais ce que chacun ne sait pas, c’est tout ce qui s’est déroulé dans cet intervalle de temps.
On se doute que la Française des Jeux a beaucoup œuvré afin de s’assurer une belle part du gâteau. Mais personne n’imagine à quel point ! Le lobbying de la FdJ n’a rien à envier aux méthodes américaines. Une machine bien huilée a mené une politique intensive et régulière afin d’obtenir satisfaction sur tous les points importants. Objectif atteint. Inutile de dire qu’aucun opérateur en ligne n’avait les moyens de lutter à armes égales. Pas étonnant dans ces circonstances que le texte final ait des aspects parfois « étonnants ».
Naïvement, nous avons l’impression que l’industrie du jeu et la communauté des joueurs ont fait front commun dans le même sens et avec un objectif identique : convaincre les pouvoirs public de la nécessité de contrôler le jeu tout en conservant des conditions d’utilisation favorables aux joueurs. Naïveté, donc. En fait, certains groupes tels que les casinos Lucien Barrière et le réseau Ongame - Bwin en tête – ont au contraire fortement milité en faveur des articles les plus contestés par ce texte.
La grande contestation vient évidemment de contraindre les Français à jouer entre eux. Comment et surtout pourquoi défendre un tel projet ?
Tout simplement parce que cela entrainerait la mort à plus ou moins court terme d’une multitude de petits opérateurs de jeu. Moins de concurrence, donc plus de profits. Eh oui, mesdames et messieurs les joueurs, votre confort de jeu a été sacrifié sur l’autel des comptes de résultat !
Lorsque le gouvernement fait des déclarations de l’ordre de la morale publique sur les risques d’addictions, le contrôle des mineurs ou le problème du blanchiment d’argent, tout le monde applaudit des deux mains – à raison, d’ailleurs.
Pourquoi alors autoriser l’utilisation de cartes prépayées, comme le prévoit l’article 12 (adopté hier) ?
Elles peuvent être acquises par n’importe qui et de façon anonymes ! Les interdits de jeu, les interdits bancaires, les mineurs, les personnes en situation délicate pourront donc dépenser sans compter et sans que personne ne puisse effectuer le moindre contrôle. Très belle opération ! Et pour le blanchiment, ce n’est pas mieux.
Là encore, vous vous dites : quel est l’intérêt de l’Etat d’autoriser les cartes prépayées ?
Sachez que la FdJ dispose de 32.000 points de vente capables de distribuer une carte de paiement qui ne fonctionnerait que sur sa propre plateforme de jeu… Avec une telle force de frappe, elle se positionnerait directement dans le top 3 des opérateurs, sans avoir rien fait… sauf du lobbying.
Tous pourris ? Milieu de copinage ? N’allons pas trop vite. On accuse souvent Nicolas Sarkozy de vouloir faire plaisir à ses amis. Sur ce dossier, rien n’est moins vrai. Alexandre Balkany, Directeur de PokerStars n’a pas été entendu du tout. Pas mieux pour un autre proche du Président : Stéphane Courbit, le patron de Betclic et maintenant de Everest. Les intérêts de l’Etat ont tenu bon.